Nous voici arrivés dans le centre du Vietnam autrefois appelé « Annam », à Hué l’ancienne capitale impériale considérée comme la ville culturelle du Vietnam.
Sa citadelle inspirée de la citée interdite et ses nombreux tombeaux royaux lui ont valu son classement au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Située au sud du 17e parallèle, elle a beaucoup souffert pendant la « guerre du Vietnam », la plupart des bâtiments historiques ont été détruits et sont en cours de restauration avec l’aide de l’Unesco.
Nous partons pour une balade sur la rivière des parfums qui traverse la ville et doit son nom aux parfums dégagés par les multiples herbes médicinales qui poussent le long des berges. Les petits bateaux à la tête de Dragon qui transportent les touristes sont souvent aussi le lieu d’habitation de leurs propriétaires, ils profitent de vous avoir « sous la main » pour vous vendre des souvenirs (probablement importés de Chine) avec insistance ce qui rend la balade moins paisible et charmante. C’est dit !
Passage sous le pont Trang Tien (ancien pont Clemenceau) construit par Gustave Eiffel puis à 5 kilommètres de la ville arrêt à la pagode Thiên Mu (ou Pagode de la Dame Céleste) considérée comme le symbole non officiel de Hue.
Perchée sur une colline le temple se voit de loin, la tour octogonale de 19 m de haut est constituée de 7 niveaux représentant chacun une réincarnation de Bouddha.
De grandes portes ornées de génies du bien et du mal amènent à un temple dans lequel trône un splendide Bouddha heureux. Un magnifique jardin et un bassin bordé de bonsaïs apporte calme et sérénité à l’endroit.
Dans un coin une Austin bleue interpelle, c’est celle qui a amené à la capitale Saigon en 1963 le moine de cette pagode Thich Quang Duc qui s’immola par le feu en pleine rue en signe de protestation contre le régime pro-catholique Ngo. Ce geste d’auto-sacrifice réveillera l’opinion mondiale mais ne résoudra hélas pas la situation des Bouddhistes.
Direction l’unique cité impériale du pays, sur un périmètre de 10 kilomètres elle comprend 3 enceintes : La ville impériale, la cité royale et la cité pourpre interdite. Aujourd’hui environ 55 000 personnes habitent à l’intérieur de la citadelle, seul le noyau dur de la cité royale est devenu musée.
Le cavalier du roi, imposant bastion garde l’entrée de la cité royale côté fleuve, des Français contribuèrent à l’architecture ce qui explique son aspect à la Vauban.
Quatre portes ouvrent sur la cité royale, c’est par la porte du midi que l’on entre, derrière deux grands bassins séparés par le « pont de la voie centrale » et « l’esplanade des grands saluts ».
Après vient le palais du trône, puis la cité pourpre interdite dont la construction débuta en 1804 pour se terminer en 1833 sous le règne du fondateur de la dynastie des Nguyen (Gia Long).
La cité interdite formait une enclave au cœur de la cité impériale et était le domaine réservé aux membres de la famille royale et aux proches de l’empereur dont ses 500 épouses et concubines.
Elle ne pouvait accueillir que des eunuques qui n’étaient pas une menace pour la vertu des concubines royales.
Malheureusement il ne reste que des ruines, deux bâtiments où se trouvaient des bureaux sur le côté et des galeries qui donnent une idée de la splendeur de la partie détruite lors de l’offensive du Têt de 1968.
Au delà c’est la désolation, des terrains vagues herbus qui laissent voir les impacts des bombes Américaines !
Les portes et différents bâtiments sont tous splendides, un de mes préférés est le temple du culte des empereurs Nguyen.
Visite du plus colossal des tombaux, celui de Tu Duc.
Les Tombeaux n’étaient qu’une infime partie d’un espace appelé « mausolée » qui lui même était en fait une résidence impériale à la campagne. Celui-ci demanda 3 années et 3 000 hommes pour sa construction, c’est le plus ancien du Vietnam.
Le tombeau est « Royal » mais en fait les restes du souverain n’y seraient pas, il se serait fait enterrer dans un endroit secret par des sourds-muets, peut-être n’avait-il pas la conscience tranquille et craignait d’être révellé de son sommeil éternel
Nous terminons la journée par l’artisanat local, les bâtons d’encens mais surtout le fameux chapeau conique qui protège aussi bien du soleil que de la pluie. Le « nón bài thơ » est le nom de celui qui est fabriqué dans la région de Hué. Il se caractérise par la présence d’un poème ou de motifs décoratifs intégrés habilement entre deux couches de latanier et cette finesse ne se découvre qu’à la lumière.
Le lendemain, longue balade en vélo à travers la campagne pour Tuy Bieu un petit village spécialisé dans la plantation des pamplemousses.
Nous sommes accueillis par un bain de pieds aux herbes dans une maison-jardin centenaire, puis nous préparons une partie du repas avec nos hôtes.
Après un déjeuner dans ce havre de paix,
nous partons pour Hoi An par la magnifique route du col des nuages.
Hoi An, fut un véritable coup de cœur pour moi, sa splendide architecture en bois, les magnifiques demeures bourgeoises restaurées et meublées à l’ancienne souvent ouvertes aux visites, son centre historique piétonnier, la quiétude qui y règne et toutes ses lanternes colorées qui pendent au milieu des rues en font un endroit magique. Pas étonnant qu’elle soit classée au patrimoine mondiale de l’UNESCO.
Nous visiterons la maison Phung Hung construite en 1870 et classée monument historique, puis nous traverserons le Pont japonais datant 1793 bel exemple de l’architecture japonaise de l’époque construit dans les années 1590 par la communauté japonaise de Hoi An, afin de créer un lien avec les quartiers chinois de l’autre côté du fleuve.
Reconnu comme un site culturel et historique national relique, en 1990, il est le symbole de Hoi An.
Près avoir passé le pont, non sans faire valider notre ticket car ce dernier est payant, nous continuons de flâner dans les rues piétonnières.
Arrêt, au temple de Quan Cong, lieu célèbre à Hoi An, symbole de la bravoure, la loyauté et la vertu des gens de Hoi An.
L’après-midi nous enfourcherons des vélos pour aller jusqu’à la plage.
Après une bonne nuit, nous partons pour une longue route vers la ville de Kontum dans les hauts plateaux.
Cette région ouverte depuis peu au tourisme ne dispose que de très peu de structures hôtelières mais cela lui garde toute son authenticité. Cette zone enclavée joua un rôle stratégique pendant la guerre avec les Américains qui avaient ici d’importantes bases. La région a beaucoup souffert des bombardements au napalm, agent orange et autres cochonneries, certains endroits restent encore déboisés ou portent les traces des bombardements. C’est là que vivent de nombreuses minorités ethniques : Banhar, Jaraï, Nmongs, Sedang, Edé…
Tout le long et sur la route, le riz sèche sur des bâches !
Visite de l’église Chanh Toa , ce monument unique a été construit entièrement en bois, l’architecture romaine classique a été combinée avec l’architecture traditionnelle de la maison sur pilotis des Bahnar. Créé par un prêtre français en 1918, c’est aujourd’hui un symbole des hautes montagnes et la fierté de la population de Kontum.
Nous partons à la rencontre des ethnies Banhar, nous serons flanqués toute la journée d’un « guide local » en fait un fonctionnaire de l’état Vietnamien car le gouvernement craint l’espionnage, la situation entre l’état et les montagnards est tendue, ils sont sous contrôle, ces dernières années il y a eu plusieurs vagues de manifestations des montagnards qui réclament plus de droits, plus d’indépendance, bien sûr tout cela est censuré…
A l’entrée de chaque village, se trouve la nha rong, sorte de maison communale ou les villageois se retrouvent pour les grandes occasions (mariages, cérémonies, fêtes..).
Les maisons banhar sont en bambou et sur pilotis pour se protéger des bêtes sauvages, sous la maison, il y a les animaux, buffles, cochons, poulets, chiens ,chats… tous voués à la consommation ! A l’intérieur, une seule pièce, dans un coin un petit carré de terre sur lequel ils font le feu pour cuisiner, s’éclairer, se réchauffer et dans un autre coin, le couchage sur des nattes à même le sol.
Les enfants ne vont généralement pas à l’école, pour eux c’est le travail des champs.
Ces gens simples souriants, qui nous saluent avec de grands sourires, vivent dans une pauvreté qu’on ne soupçonne pas au Vietnam mais qui n’empiète par leur dignité, et leur fierté d’être montagnards. Il sont riches de traditions ancestrales mais le gouvernement souhaite leur enlever cela en les « vietnamisant »…
A une vingtaine de kilomètres de là, vivent les Jaraï qui sont, comme les Banhar ,pour la plupart animistes mais ont une tradition matrilinéaire, donc ce sont les femmes qui choisissent les prétendants, les enfants portent le nom de la mère.
Leur maisons sont semblables à celles des Bahar mais ils sont très différents, ils vivent et se marient entre eux, sont assez distants avec les « étrangers ». Ils organisent de manière régulière des fêtes et cérémonies de sacrifices de poulets, de vaches ainsi que de buffles lors des naissances, des funérailles, des vœux de pluie, des vœux de santé quand un membre de la famille est malade.
Leurs coutumes et rituels liés aux morts sont particuliers, ils considèrent que les morts « vivent » tout de même. C’est pour cette raison qu’ils déposent dans leurs tombes leurs objets familiers et visitent les tombeaux quasiment tous les jours pendant la première année après la mort pour boire de l’alcool de riz et parler aux esprits.
Entre 3 et 7 ans après le décès, vient l’abandon du mort, la cérémonie de l’abandon qui a pour but d’accompagner l’âme dans l’au-delà dure en général trois jours. C’est l’occasion de tuer de nouveau des animaux pour les sacrifices afin d’apaiser les esprits, des statues en bois sont sculptées et déposées autour des tombeaux. Après cette cérémonie, le deuil prend fin et la tombe est littéralement abandonnée !
Nous prenons la route pour Ban Me Tuhot en effectuant quelques arrêts pour observer les cultures de café, thé, poivre, noix de cajou et hévéas (arbre à caoutchouc).
Ici plus qu’ailleurs, les pancartes de propagande du parti sont nombreuses le long de la route.
Une formule qui m’a beaucoup plu, le café Hamac, un café + une sieste
Arrivée à Ban Me Tuot, visite du musée d’ethnographie, très intéressant.
Après une bonne nuit, départ pour la Lac Lak et rencontre avec les minorités M’Lieng et Nau.
Les maisons ressemblent un peu à celles des ethnies que nous avons rencontrées dans la région de Kontum.
Nous assistons à un spectacle folklorique de gong, les danseuses sont très gracieuses, elles nous invitent à boire l’alcool de riz avec une sorte de pipette qui trempe dans grande jarre comme nous sommes polis nous acceptons mais ce n’est pas du tout à notre goût !
Balade en pirogue sur le lac,
Et à dos d’éléphant,
Ils sont très imposants et effrayants !
Puis envol vers le sud, à Ho Chi Minh-ville ancienne Saigon.